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Un corridor écologique et une trame noire
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(credit: Barred owl – Anne-Josée- Beaudoin, bat – Hitchhike, wood frog and northern dusky salamander – Patrice Bourgault-Université de Sherbrooke)

Un corrridor de noirceur qui relie le parc du Mont-Bellevue à la rivière Magog

Les corridors écologiques

     Dans le domaine de la conservation de la biodiversité, on fait souvent appel à la notion de corridor naturel ou écologique. Pour assurer une meilleure connectivité dans le paysage naturel, une considération pour la mise en place ou encore la préservation de corridors naturels entre les différents habitats fait maintenant partie du processus de réflexion derrière plusieurs initiatives de conservation. Un corridor écologique se définit comme un ensemble de conditions du milieu naturel vivant et non vivant permettant d’assurer le déplacement de certaines espèces entre les différents noyaux de conservation. Les noyaux de conservation, quant à eux, se définissent comme des zones naturelles de taille et de qualité suffisantes pour y héberger une espèce cible et combler une partie ou encore la totalité de ses besoins vitaux (Conseil Régional de l’Environnement du Centre-du-Québec (CRECQ), 2014).

 

     Avec la diversité d’espèces animales qui fréquente le Parc du Mont-Bellevue, la taille de l’habitat et les conditions naturelles peuvent différer beaucoup d’une espèce à l’autre. À titre d’exemple, bien que très variable selon les conditions du milieu, le lynx roux, un félin répertorié dans le Parc du Mont-Bellevue, possède un domaine vital d’au minimum onze kilomètres carrés selon une étude de 1991 réalisé pour l’espèce en Amérique du Nord (Garant, 1991). Dans le domaine de la biologie, le domaine vital correspond à la région fréquentée par un animal pour la réalisation de ses activités normales telles que la reproduction, l’alimentation et le repos (Fédération Canadienne de la Faune, 2020). Le Parc du Mont-Bellevue, quant à lui, est d’une superficie de près de deux kilomètres carrés. Si l’espèce fréquente ce milieu et que sa superficie est largement plus petite que son domaine, il ne serait pas faux de supposer que son habitat s'étend sur une superficie plus grande que celle du parc. Autrement dit, il est possible de présumer que le lynx roux fréquente le territoire du Mont-Bellevue pour combler une partie de ses besoins et qu’il dépend de milieux naturels à proximité pour combler le reste de ses besoins. D’ailleurs, cette espèce serait actuellement « menacée par la perte et la fragmentation de son habitat dans de nombreuses régions du sud du Canada » (Conservation de la nature Canada, 2020). À l’opposé, d’autres espèces qui fréquentent le parc du Mont-Bellevue possèdent des domaines vitaux pouvant être compris à l’intérieur des limites du parc de deux kilomètres carrés. C’est entre autres le cas de la grenouille léopard pour laquelle le domaine vital est d’une superficie pouvant aller de 15 à 600 mètres carrés (COSEPAC, 2009).

     Une connectivité fonctionnelle est visée d’une part au sein même du parc du Mont-Bellevue, mais également entre cette dernière et la rivière Magog. Une connectivité fonctionnelle se définit comme le « degré selon lequel le paysage permet le déplacement d’une espèce ciblée ou le déroulement d’un processus écologique dans la mesure où toutes les autres conditions sont rencontrées » (CRECQ, 2014). Pour y arriver, plusieurs éléments sont à prendre en considération. D’une part, les types de déplacements, leurs moyens et leurs conditions varient d’une espèce à l’autre. Pour les ongulés tels que le cerf de Virginie et l’orignal, les déplacements se font au sol et sont entre autres limités par la présence de falaises ou de pentes trop abruptes. Chez les chiroptères tels que la grande chauve-souris brune, les déplacements se font la nuit dans les airs et sont influencés par présence de bruit (Campeau-Devlin, 2009). En plus de ces conditions naturelles dans le milieu pouvant influencer les déplacements fauniques, il existe d’autres éléments d’origine anthropique qui peuvent eux aussi avoir une influence sur les allés et venus de la faune.

 

Dans le contexte actuel du Parc du Mont-Bellevue, c’est sa proximité avec les zones urbaines avoisinantes qui apporte la plus grande part de contraintes pour les déplacements de la faune. Non seulement la réserve elle-même fait l’objet de fragmentation avec les nombreuses pistes et sentiers qui y sont aménagés et fréquentés, mais les quartiers voisins et les voies publiques qui frôlent les limites de la réserve constituent eux aussi des obstacles franchissables et parfois infranchissables pour certaines espèces. Tout comme pour le milieu naturel, les obstacles aux déplacements de la faune reliés aux constructions humaines varient en fonction des espèces. Pour le cerf de Virginie, par exemple, il est bien connu que ce dernier s’adapte relativement bien à la présence de routes puisqu’il a été observé à plusieurs reprises traversant les chaussées (Labadie, 2009).

 

Dès lors, il s’avère important de considérer ces éléments dans l’exercice de détermination des corridors écologiques dont l’existence est présumée. Cette partie de la caractérisation se concentre donc sur la dimension écologique de ce qui contribuera à constituer les trames noires. Autrement dit, la lumière artificielle ne sera pas considérée dans l’analyse afin de déterminer les corridors écologiques. Cette dimension des trames noires est traitée à la section 4 du présent document.

 

Pour déterminer les corridors écologiques, les éléments suivants sont pris en considération :

  • Continuité dans le couvert naturel et semi-naturel ;

  • Absence d’obstacle naturel infranchissable (ex. falaise, lac, cours d’eau à fort débit, etc.);

  • Distance relative des constructions humaines ;

  • Présence d'infrastructures favorisant le passage de la faune (ex. ponceau) ;

  • Connectivité entre les points d’intérêt (Rivière Magog, parc du Mont-Bellevue, etc.).

 

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